Cantatrice. Substantif féminin, Artiste lyrique, virtuose du chant. Un mot tout en superlatifs dont le charme désuet convoque un imaginaire glamour ou loufoque suivant que l’on pense à la Diva ou à la Castafiore.

Un imaginaire que je peine à rattacher à mon expérience de jeune femme, à mes valeurs féministes, à ma créativité d’artiste moderne.

Alors pourquoi ne pas emprunter cette cantatrice et l’emmener doucement vers un univers plus nuancé, plus vivant, où elle n’est pas seulement héroïne objet mais aussi femme incarnée, créatrice et vivante, la sortir du male-gaze d’antan auquel l’opéra la cantonne pour faire entendre sa voix.

Une voix qui ne chante pas que l’amour et le malheur, mais aussi son identité, ses luttes, son humour, ses grondements qui montent du fond du ventre.

Je suis allée chercher du côté du café-concert, le ton grinçant et irrévérencieux que je voulais donner à mon spectacle et j’y ai trouvé la forme idéale. Au café-concert se côtoyaient mondains et populaires, théâtre de boulevard et opéra, aspirants poètes et vedettes, garçonnes et divas.

De cet héritage, j’ai créé mon cabaret entre airs de Bizet et chansons de Dave, monologue théâtral et poésie. Avec quelques incursions au stand-up, J’ai voulu faire entendre le café-concert d’aujourd’hui et surtout mon monde à travers ces airs, mes luttes de cantatrice empruntée.

B. Nani, note d'intention